Source: AP
Une vue de Téhéran, capitale de l'Iran, tôt le samedi 26 octobre 2024.
Les tensions entre l'Iran et Israël ne cessent de s'intensifier. Au delà des déclarations de ses dirigeants, qui ont promis une riposte au raid israélien du 26 octobre, Téhéran aurait informé plusieurs diplomates arabes de sa volonté de réagir avec une riposte «forte et complexe».
«L'Iran n'envisage pas de limiter sa réponse aux missiles et aux drones», a rapporté le 3 novembre le Wall Street Journal (WSJ). Selon la publication américaine, qui cite des responsables iraniens et arabes, la réaction de Téhéran pourrait inclure des missiles balistiques plus puissants et viser directement des installations militaires israéliennes.
Les diplomates arabes rapportent que l'Iran envisagerait d'impliquer son armée régulière. «Impliquer son armée régulière ne signifie pas que ses troupes seraient déployées mais que le Corps des gardiens de la révolution islamique [...] n'agirait pas seul dans ce cas», a précisé le quotidien américain.
«Nos militaires ont subi des pertes et doivent répondre», a déclaré un responsable iranien au WSJ, précisant que l'Iran pourrait aussi utiliser le territoire irakien pour certaines opérations. Contrairement aux précédentes ripostes, où des drones et des missiles standards avaient été privilégiés, l'Iran envisagerait cette fois des frappes avec des ogives plus puissantes. Lors de sa dernière attaque, l'Iran a tiré plusieurs types de missiles balistiques, dont les Emad et Ghadr, ainsi que ses modèles avancés Kheibar Shekan et Fattah.
Toujours selon la même source, l'Iran planifierait sa riposte en fonction des élections américaines. Selon un responsable iranien cité par le WSJ, Téheran ne voudrait pas influencer le vote du 5 novembre avec son attaque. Le 31 octobre, le Wall Street Journal assurait dans un autre article que, selon les agences de renseignement américaines, Téhéran pourrait préférer une administration démocrate, dirigée par Kamala Harris.
Un risque d'escalade grandissant
Les dirigeants iraniens, y compris l' ayatollah Khamenei, ont durci leur discours ces derniers jours, promettant une «réponse cinglante» à l'État hébreu. Les experts occidentaux estiment néanmoins que l'Iran pourrait privilégier une action indirecte, via des alliés dans la région.
L'attaque israélienne du 26 octobre aurait endommagé plusieurs systèmes de défense iraniens, selon Benjamin Netanyahou, accentuant les risques de confrontation. Le lendemain, le Premier ministre israélien avait déclaré que ces frappes avaient touché «le ventre mou de l'Iran» et que son pays disposait désormais d'une «liberté d'action sans précédent».
Les autorités israéliennes avertissent que la nature de la réaction iranienne influencera leur réponse, laissant entrevoir un possible changement de stratégie, notamment vis-à-vis des infrastructures nucléaires iraniennes, jusque-là ignorées par Tel-Aviv.
L'ambassadeur américaine à l'ONU, Linda Thomas-Greenfield, a averti le 28 octobre que toute attaque iranienne aurait de «graves conséquences». Elle a rappelé la nécessité d'éviter une escalade des tirs directs.
Bien que les États-Unis n'aient pas participé directement aux frappes, ils ont renforcé leur présence dans la région, déployant des bombardiers B-52 en prévision de possibles représailles iraniennes. Le 28 octobre, le président iranien Massoud Pezechkian avait déclaré que l'Iran «ne pouvait ignorer» cette attaque, tout en indiquant toutefois que l'intensité de la réponse pourrait être réévaluée si un cessez-le-feu intervenait au Liban ou à Gaza.